"L'Union européenne devrait favoriser... l'utilisation des patrimoines criminels confisqués au bénéfice de la communauté" cit. Commission européenne contre le crime organisé

samedi 24 janvier 2015

Soirée prix “Ethique” contre “casseroles”

Le film de la soirée en cliquant sur les liens suivants :


soiree_anticor_2015 par ANTICOR-TV

En France, la corruption est institutionnalisée mais il y a des solutions

Anticor, l'association contre la corruption vous invite

Samedi 31 janvier 2015
20h

Salle Pierre Nicole, 270 rue Saint Jacques 75005 Paris (métro Luxembourg et prendre la sortie "Rue de l'Abbé de l'Épée")

Soirée des prix "Éthique" et "casseroles"

Prix précédents, 2006, 2011, 2012...

Entrée libre pour les amis de la transparence et de l'éthique

En présence des nommés et des lauréats :

Elise Lucet, journaliste à France 2 et l'équipe de Cash investigation (journalisme d'enquête contre corruption)

Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart (AffaireS)

Stéphanie Gibaud, lanceuse d'alerte (affaire UBS)

Patrick Malick, lanceur d'alerte (marchés publics)

Emile-Roger Lombertie, maire de Limoges, (signataire de la charte éthique Anticor municipales 2014)

Et bien d'autres invités :


L'Argent, le Sang et la Démocratie... par Telerama_BA

Pour tous renseignements : permanent[@]anticor.fr

mercredi 14 janvier 2015

ITV de Thierry Colombié sur la mort du juge Michel

Thierry ColombiéFLARE France a interviewé Thierry Colombié, chercheur indépendant spécialiste du crime organisé et auteur d'un énième livre, celui-ci sur la mort du juge Michel

Thierry Colombié, vous étudiez les gangsters français, pourquoi un livre sur le juge Michel ?

Les gangsters évoquent toujours des règles auxquelles ils ne doivent pas déroger, la dite « mentalité ». L’une d’elles, importante, interdit à tout voyou de tuer un policier ou un magistrat. La raison est simple : si c’est le cas, les flics vont envoyer les filets, réveiller tous les indics, faire des coups tordus s’il le faut, à la guerre comme à la guerre, et finalement geler les affaires en cours pendant plusieurs mois. Dans le Milieu, on ne tue pas pour épargner une vie mais pour ne pas perdre de l’argent. Nuance. Après Renaud à Lyon, dont on ne sait toujours pas qui est l’auteur des coups de feu, le juge Michel fut le second magistrat à être assassiné. Ce qui confirme l’application de la règle, à deux exceptions près. J’ai voulu savoir quelles étaient les motivations des commanditaires, et comment ces derniers, depuis la prison des Baumettes, avaient bénéficié de complicités à l’extérieur. Autrement dit, comprendre ce qui avait poussé des individus à enfreindre la mentalité.   

A la lecture de votre livre sur le meurtre du juge Michel, il ressort une thèse plus complexe que la vérité judiciaire.
Des hommes du Service d’Action Civique (SAC), à l’époque le bras armé de réseaux politiques, seraient les instigateurs de l'assassinat du magistrat. C'est cela?

Pas des instigateurs mais plutôt des entremetteurs. Iimpliqués dans la tuerie d’Auriol au cours de laquelle Jacques Massié, autre membre du SAC, et sa famille avait été massacrée, Collard et Maria ont rencontré Girard et Filippi aux Baumettes fin juillet 1981. Ecroué par le juge Michel, le trafiquant de drogue Girard a réalisé ce que l’on appelle dans le Milieu une « crise de banditisme » : ayant vécu auprès de mafiosi italiens qui éliminaient des représentants de l’Etat, en particulier des magistrats, il y avait développé le complexe du mafioso, devenir plus mafieux que les mafieux. Riche, associé avec des gens en place, dont Roberto Pannunzi qui deviendra l’un des principaux traders du business de la cocaïne, rien ne l’empêchait d’éliminer celui qui faisait obstacle à ses affaires en cours et qui l’accusait d’être le pivot de plusieurs trafics. Filippi, son père spirituel et longtemps associé, et Collard vont conforter Girard dans son choix. Entre le moment où va germer l’idée et le jour de l’assassinat, des scènes pour le moins incroyables vont se dérouler au sein des Baumettes, et à l’extérieur.   

Passionnant mais pouvez vous nous donner nous l'exemple d'une scène incroyable qui mettrait en scène de la corruption politique?

Le moment par exemple où Girard rencontre, au parloir, un policier sur le conseil des hommes du SAC. Le but de Girard, c’est de faire chanter le policier, faire en sorte que ce dernier lui arrange le coup auprès de magistrats du Parquet afin d’obtenir une liberté provisoire. Or le policier, un cadre du SAC et ami de Collard et Maria, ne va pas se laisser moralement corrompre. Est-ce une corruption politique ? Je laisse aux lecteurs du livre le soin de juger par eux-mêmes. 

Ce qui est certain, c’est que la corruption, et je montre ses différentes facettes, est un outil indispensable à tout individu qui désire consolider son pouvoir, si petit soit-il. Le juge Michel a utilisé un gardien des Baumettes pour tenter d’extorquer des aveux auprès d’individus écroués dans l’affaire du Bar du Téléphone, un massacre ayant laissé dix personnes sur le carreau, exécutées de sang froid. Dommage que la scène ne soit pas dans le film, La French, car c’est la seule fois où le juge a outrepassé ses droits. Cela aurait pu illustrer la façon dont les voyous manipulaient le gardien en question qui n’avait qu’un seul objectif : se faire bien voir par la magistrature pour être muté dans une autre prison. Et non faire plaisir au juge. D’ailleurs, l’affaire du Bar du Téléphone ne sera jamais résolue. Dans ce dossier, tout le monde s’est fait jongler, Pierre Michel en premier lieu. Ce dernier était pourtant sur la bonne voie : le massacre cachait un trafic de fausse-monnaie entre la France et l’Algérie, et le financement de campagnes électorales. Vous avez dit corruption 

Justement, vous parlez dans le livre de système clientéliste à Marseille est ailleurs. Pouvez-vous être plus précis ?
Depuis très longtemps, et ce n’est un secret pour personne, surtout pas pour les gangsters, les campagnes électorales sont financés par des caisses noires, lesquelles servent à financer ce que l’on appelle les « faux frais », des budgets alloués aux garde-robes, par exemple, jusqu’aux paiements en liquide autorisant l’achat de voix. Donc l’accès au pouvoir ou sa consolidation, ce qui est encore plus vicieux et coûteux. Sans parler des promesses permettant à l’un d’obtenir une place en crèche, à l’autre d’être embauché dans la police municipale. Ce n’est pas de la science-fiction, suffit de se tourner vers le fief de Dassault où le système a été partiellement mis à nu, et où l’on voit d’ailleurs comment les cités, ces zones montrées du doigt à longueur de journée par les mass médias comme étant la lie de la société, deviennent une pierre angulaire… D’où vient l’argent ? D’activités clandestines ou d’un système de rétro-commissions qui brasse des centaines de millions d’euros que l’on retrouve, et ce n’est pas un hasard, dans le système politique actuel, à la différence près, que de tels procédés ne sont plus cachés, étouffés en haut lieu par la baguette magique de ministres ayant un œil sur les procédures en cours. Certes, le fait que ces affaires soient largement médiatisées ne change, au fond, pas grand-chose mais l’émergence d’associations contre la corruption, du processus des lanceurs d’alerte, montre qu’il est possible de lutter contre ce fléau. Reste à savoir comment ce même système va contourner l’obstacle de la connaissance, une réflexion en cours qui vaut son pesant d’or…